Editorial : Août / 2017

Economie. Environnement. Sens et Contresens.

En 1951, le 13 Août, le président Getúlio Vargas fit voter la loi 1.411 qui instaura la profession d’Economiste. Depuis cette date, le 13 Août est au Brésil le Jour de l’Economiste. Selon la définition classique, la science économique a pour objet d’étude les utilisations alternatives des ressources rares observant les processus et phénomènes historiques, institutionnels, sociaux, collectifs et individuels, concomitants ou non, visant ainsi à aider la prise de décision.

Les fondements théoriques sur lesquelles se basent, encore aujourd’hui, les études économiques, ont précédé de très loin cette date. Leurs origines remontent au XVIII ° siècle quand Adam Smith, considéré comme le père de l’économie,  publia son oeuvre maîtresse An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations, plus connue en France sous le titre La Richesse des Nations. Le travail de Smith est à l’origine d’innombrables discussions fondamentalement centrées sur des éléments comme revenus, classes sociales, relations de production et justice distributive, entre autres, produisant des hypothèses, des théories, des propositions et des idéologies distinctes, bien souvent divergentes entre elles, en raison de perceptions différenciées des réalités ou des sujets.

Parmi les plus divers éléments conceptuels et théoriques présentés par Smith, se distingue la différence entre valeur d’utilisation et valeur d’échange justifiée à partir de la comparaison entre l’eau et le diamant, considérant d’une part l’utilité et la valeur de marché d’autre part. L’analogie présentée par Smith avait déjà été utilisée par Platon en 380 av.J.-C. quand, dans L’Euthydème, il décrit l’eau comme la meilleure de toutes les choses et dont le prix modique découlait de la non rareté.

Paradoxalement, bien qu’elle ait été un élément d’observation dans bien des situations, au long des siècles, l’eau et les ressources naturelles en général furent maintes fois traitées comme “terre” dans les diverses analyses économiques, créant ainsi la perception que l’environnement peut être considéré comme un sous-système du système économique. Une telle vision pragmatique mais minimaliste voire erronée fait surgir des propositions d’analyse de problèmes environnementaux comme de simples questions d’allocation de ressources découlant de la non affectation de leurs prix, renforçant ainsi la caractérisation du marché comme le centre fournisseur d’équilibre à travers les mécanismes d’offres et de demandes.

On observe alors que notre bon sens originel fut perdu au fil des temps de telle sorte que dans la première moitié du XXº siècle nos fleuves et rivières furent considérés comme le réceptacle idéal pour nos ordures, légitimant ainsi la dilution de nos effluents dans le réseau hydrographique. Comme résultat d’une utilisation non réglementée et de la totale inobservance des limites imposées par la nature, nous affrontons actuellement une pénurie qualitative et/ou quantitative de diverses ressources naturelles. Dans ce contexte, les études liées à l’économie de l’environnement qui se consolident dans les universités sont considérées comme innovatrices et constituent de véritables défis en raison de la thématique présentée et de la complexité multidisciplinaire qui leurs sont inhérentes.

Ainsi, remettre le thème de l’environnement au centre des discussions économiques implique redéfinir les approches, les méthodes et théories académiques en contestant, sous un point de vue multidisciplinaire, les conventions et coutumes séculairement établies. Plus encore, on doit repenser et ouvrir l’horizon de l’analyse économique de façon à accompagner comme professionnel économiste les demandes présentées par une société en constante transformation. (accès au texte)

Telma Teixeira. 
RHIOS Août 2017
(traduit du portugais par Denis JULIEN)

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